Il y a des voyages qui ne se mesurent pas en kilomètres, mais en intensité de regard. La photographie et le cyclotourisme ont ceci en commun : ils réapprennent à voir. À travers le souffle du vent, la lumière changeante d’un matin d’automne ou le parfum d’un pin chauffé par le soleil, se dévoile une façon plus simple et plus juste d’habiter le monde.
🚴♂️ Le cyclotourisme, cet art de la lenteur hérité de Vélocio
Bien avant l’ère du “slow travel”, Paul de Vivie, dit Vélocio, père du cyclotourisme français, écrivait déjà :
« À bicyclette, on n’est jamais pressé, on est libre. »
Dans ses textes, il parlait de mesure, de silence, d’émerveillement. Sur les routes d’Aix-en-Provence, du plateau du Grand Sambuc ou des collines de la Provence Verte, on retrouve cet esprit de liberté tranquille. Chaque montée, chaque détour, devient une rencontre avec le paysage.
Le vélo n’est plus un moyen de déplacement : il devient un outil d’attention. Il nous apprend à épouser le rythme du monde, à respirer avec lui.

🌿 Le regard du photographe : la lenteur comme révélation
Photographier, c’est d’abord s’arrêter. C’est écouter avant de déclencher. C’est parfois, comme l’écrivait Christian Bobin, “laisser venir à soi la lumière, sans rien vouloir d’elle”.
Sur un vélo, cette posture intérieure devient naturelle : on avance sans but, disponible à tout ce qui vient. Le photographe cycliste n’impose pas son regard : il accueille. Un rayon de lumière sur une pierre, une brume au creux d’un vallon, un oiseau qui s’envole — ces instants ne se provoquent pas, ils se reçoivent.
« Il n’y a pas de plus belle manière d’aimer le monde que de le regarder. »
— Christian Bobin

🌄 Provence : la lumière comme guide

Dans les paysages d’Aix-en-Provence et de la Provence Verte, la lumière est une présence vivante. Elle glisse sur la Sainte-Victoire, s’accroche aux vignes roussies, se tamise dans les forêts du Haut-Var. Pour le photographe comme pour le cyclotouriste, cette lumière est une compagne : parfois douce, parfois éclatante, toujours généreuse.
La Provence invite à la contemplation, non à la consommation du paysage. Elle offre une beauté simple, fragile, qui se mérite à la force des jambes et à la patience du regard.

💬 Bobin, Vélocio et l’éloge du simple
Chez Bobin comme chez Vélocio, on retrouve une même foi dans la sobriété heureuse. L’un écrivait sur les arbres et le silence, l’autre sur les chemins et la liberté. Tous deux savaient que l’essentiel ne se possède pas : il se vit, ici et maintenant.
« Il y a dans chaque matin un miracle que beaucoup ne voient pas parce qu’ils dorment encore debout. »
— Christian Bobin
Rouler et photographier, c’est justement ne plus dormir debout. C’est redevenir vivant, attentif, émerveillé. C’est accepter que le plus beau cliché n’est peut-être pas dans l’appareil, mais dans la mémoire du cœur.
📍Quelques itinéraires pour pédaler et contempler
- Autour d’Aix-en-Provence : la boucle de la Sainte-Victoire, via Puyloubier et Le Tholonet, entre vignes, oliviers et pierre blonde.
- En Provence Verte : de Saint-Maximin à Cotignac, le long des routes ombragées et des villages suspendus.
- Le plateau du Grand Sambuc : solitude, lumière rasante et routes oubliées.

✨ En conclusion : la route, la lumière et le cœur ouvert
Photographie et cyclotourisme sont deux langages d’une même poésie : celle du regard vivant. Ils nous apprennent à habiter le monde plutôt qu’à le traverser. Et si, comme Bobin, nous acceptons de voir le merveilleux dans l’ordinaire, alors chaque virage, chaque rayon de lumière, devient une promesse d’éternité.
« La beauté, ce n’est pas ce qu’on regarde, c’est ce qui nous regarde. »
— Christian Bobin
